Les livres au format papier seront-ils bientôt un luxe ?

  • Coulisses de la maison
  • 02 Décembre 2022
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30 % : c’est l’augmentation moyenne du prix du papier et du carton chez notre partenaire en impression à la demande Lightning Source France, en moins de six mois.

En sachant que ces matières premières venaient déjà de « prendre » environ 30 % durant le premier semestre 2022.

 

La demande mondiale pour ces matériaux, très forte en 2021, puis la crise énergétique que nous traversons se sont traduites par des hausses de prix massives et sans précédent… qui se répercutent sur les coûts de fabrication de chaque livre.

Pour faire simple, quand nous vendons aujourd’hui un livre publié à 15 € en 2019, il nous coûte pratiquement de l’argent, tant sa production et son expédition sont devenues chères, par rapport à notre barème d'il y a trois ans : s’il était publié actuellement, il serait vendu à 20 €.

 

Depuis la création des Éditions HJ en 2012, nous avons majoritairement axé notre communication sur la vente en numérique.

Non pas parce que, comme tous les amoureux de la lecture, nous n’apprécions pas de dévorer un « bon vieux bouquin » à l’ancienne, au fond de notre lit ou de notre canapé, mais parce que nous avons toujours été persuadés que l’avenir du livre se trouve dans la multiplicité des supports.

Et aussi pour des raisons pragmatiques : un fichier numérique ne coûte que très peu à produire, en comparaison. Il est immatériel, il ne s’altère pas, il n’y a aucun souci de stock à gérer, de frais postaux pour l’envoi, etc.

 

Pour autant, vous le savez, tous les titres que nous publions sont disponibles également au format papier : certains lecteurs restent des inconditionnels de la tradition, et nous les comprenons très bien.

Ah ! L’odeur, le contact des feuilles que l’on tourne, le poids de l’ouvrage sur ses genoux… Merveilleux, n’est-ce pas ?

 

Mais il faut voir les choses en face : très bientôt, si le prix des matières premières continue de s’envoler, le livre papier pourrait devenir un véritable produit de luxe.

Une grande majorité des petites maisons d’édition, aux finances déjà fragiles, risqueraient alors d’être incapables de faire face à cette flambée des coûts de production.

Pour éviter de mettre la clef sous la porte, l’une des possibilités serait d’augmenter massivement les prix de vente des livres papier. Mais encore faudrait-il que les lecteurs aient les moyens de suivre… et en pleine période d’inflation et d’incertitudes économiques, cela semble peu probable.

Seules les grandes maisons pourraient – ce n’est pas non plus garanti – réussir à mieux absorber cette hausse, mais à quel prix ?

 

Chez EHJ, nous cherchons des solutions pour supporter tous ces nouveaux coûts incompressibles.

Nous n’avons jamais été riches et ce n’est pas l’objectif de notre structure associative, de toute façon. Mais là, il est question de rester debout dans une tempête dont nous ne connaissons pas la durée…

 

Il nous est impossible de changer le prix de nos anciens titres « en claquant des doigts » : compte tenu de la législation, il nous faudrait procéder à une nouvelle édition.

Nous devrions demander l’accord des auteurs concernés, dépublier les livres, recréer les maquettes de chaque livre avec les prix de vente modifiés, réintégrer ces versions chez notre partenaire LSF, renvoyer des exemplaires en dépôt légal à la BNF…

Des heures de travail, de gros frais en plus… et nous avons plus de cent trente titres à notre catalogue. Autant dire que ce n’est envisageable.

 

Par conséquent, nous continuons de chercher… En espérant trouver une solution rapidement, afin de garder la tête hors de l’eau.

 

Le prix de vente de nos prochaines publications sera nécessairement plus élevé, au format papier, même si nous allons tout faire pour limiter cette hausse.

Mais, en tant que lecteurs, n’oubliez pas que, si votre amour du livre papier restera toujours intact, c’est la lecture qui compte, avant tout.

Si vous étiez encore hésitant quant au numérique, c’est le moment ou jamais de vous y essayer : le seul risque que vous courez, c’est d’y prendre goût !