Carte blanche à Catherine Messy

Le 12/06, nous vous proposerons L’homme à l’écharpe rouge, nouveau roman de Catherine Messy (son neuvième livre publié chez nous, après cinq romans et trois recueils de poésie illustrée).
C’est donc l’occasion parfaite de lui donner la parole et de découvrir son travail d’auteur.

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Votre nouveau roman, « L’homme à l’écharpe rouge », sort le 12/06 aux EHJ. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette œuvre ?

 

Ce sixième roman est en fait la poursuite d’une réflexion de longue date sur le thème de la destinée individuelle, qui imprègne tous les autres ouvrages, et que l’on retrouve même en filigrane dans les romans plus historiques que sont Terres pouilleuses et Terres belliqueuses.

Sans doute parce que le fait d’avoir atteint 70 ans m’incite à me pencher sur la vie écoulée, les chemins choisis, ce qui a été accompli et ce qu’il reste encore à faire…

 

Pouvez-vous nous en dire plus sur les thèmes abordés ?

 

Je mets ici en scène un personnage qui partage deux points communs avec moi : l’amour de l’écriture, et le mal neurologique dont je souffre depuis une éternité, la maladie de Willis Ekbom, encore appelée syndrome des jambes sans repos.

 

J’ai éprouvé le besoin de livrer certains de mes sentiments à travers le héros de mon ouvrage, Matthias. Il symbolise la lutte menée au quotidien contre une incapacité à profiter d’un repos normal, à laquelle s’ajoute, en ce qui concerne ce personnage, bien plus jeune que moi, l’arrivée à un âge de remise en question de sa vie : ses amours, ses liens d’amitié, l’écoulement du temps…

 


Quel est le message que vous souhaitez faire passer dans ce roman ?

 

Ne pas vivre avec le regret d’être passé à côté de l’essentiel : savoir, entre autres choses, se tourner vers autrui, être capable de regarder en soi, d’analyser ses manques, de montrer suffisamment d’amour, de s’épanouir au quotidien…

Matthias a 50 ans, il peut encore agir sur son existence, lui faire prendre d’autres tournants.

 


Vous êtes un auteur très prolifique ! Dites-nous-en un peu plus sur votre routine d’écriture.

 

Je n’en ai pas vraiment. Je ne me fixe pas d’horaires de travail. Je dois malheureusement agir en fonction du répit que m’octroie mon cerveau – et par conséquent, mon corps – pour rester assise.

 

Je prends beaucoup de notes, partout où je me trouve obligée de patienter, et j’enregistre mentalement les anecdotes entendues, les scènes incongrues dont je peux être témoin… Tout peut servir pour alimenter une fiction.

Lorsqu’un moment se présente, je rassemble mes écrits et les transcris sur ordinateur.

 


Avez-vous déjà connu le syndrome de la page blanche ?

 

Je ne partage pas ce problème avec Matthias.

Je prépare des récits différents, que je reprends maintes et maintes fois, puis laisse reposer, jusqu’à ce qu’un manuscrit envoyé soit accepté par ma maison d’édition, ce qui me permet de consacrer alors mon temps à la relecture approfondie de l’un de ceux en réserve, et à sa nouvelle correction.

 


Pourquoi et comment avez-vous choisi EHJ ?

 

Des maisons d’édition comme celle-ci doivent être encouragées et soutenues au quotidien. C’est une vraie maison à compte d’éditeur. Les livres sont publiés sans avoir à verser le moindre euro. J’en aime la diversité des auteurs, la qualité des parutions, la possibilité de commander les ouvrages en version papier à la demande ou en version numérique.

 

Il y a un vrai comité de lecture, dont on doit accepter les remarques et une refonte éventuelle du texte initial avant d’obtenir un accord définitif. Un véritable échange s’effectue avec les Éditions HJ, en place depuis maintenant 10 ans, ce qui est magnifique, quand on sait combien de maisons d’édition indépendantes ferment au quotidien. Les EHJ sont maintenant distribuées par Hachette. Elles méritent qu’on se démène pour elles.

Je veux leur être fidèle, car j’apprécie leur honnêteté intellectuelle et leur professionnalisme.

 

Il me paraît également évident d’appartenir aux EHJ par admiration pour la façon dont Hélène Jacob mène son entreprise tout en étant auteure. J’ajouterais aussi que j’apprécie ceux qui font vivre la maison par leur travail acharné et passionné, et leur esprit de saine convivialité.

 


Pour finir, donnez à vos lecteurs trois bonnes raisons de courir acheter « L’homme à l’écharpe rouge ». 

 

Il y a d’abord l’intérêt psychologique du roman.

Si, comme moi, vous vous intéressez à la complexité de l’esprit humain, si les personnages troubles vous attirent, si vous aimez découvrir le côté sombre d’un individu, vous aurez envie de cheminer au côté de Matthias, en proie aux doutes de la cinquantaine et en plein questionnement au sujet de sa vie et de celle de ceux rencontrés sur son chemin. L’homme à l’écharpe rouge pourrait aussi s’intituler Apparences trompeuses, ces apparences que nous maintenons pour affronter le quotidien. Le récit vous permet ainsi de vous interroger sur vous-même.

 

Ensuite, si vous êtes sensible aux histoires d’amour et d’amitié, alors vous serez tenté de lire L’homme à l’écharpe rouge. L’amitié a du reste un rôle essentiel dans tous mes romans. Le premier d’entre eux ne s’intitule-t-il pas Un autre ami ?

 

Enfin, si vous croyez aux présences mystérieuses et appréciez les croisements fortuits des événements et des personnages, ce roman peut vous séduire.